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Jeudi 28juillet, Emmanuel Macron a accueilli le prince héritier saoudien à l’Elysée, à Paris. Cette rencontre avec «MBS», suspecté d’avoir commandité l’assassinat de Jamal Khashoggi, fragilise la cohérence d’ensemble de la parole de la France sur les sujets internationaux.
Publié le 29 juillet 2022 à 09h50 Temps de Lecture 2 min. Read in English
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La torpeur de l’été n’a pas empêché de braquer les projecteurs sur la visite à Paris du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman («MBS»), la première au sein de l’Union européenne depuis l’assassinat, en2018, du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi. Le fils du roi Salman est suspecté par les services de renseignement américains d’avoir commandité ce meurtre particulièrement sordide, perpétré à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. L’affaire s’est soldée par une parodie de justice, dont «MBS» est sorti blanchi.
Après un passage par Athènes, le prince héritier a été reçu, jeudi 28juillet, pour un dîner de travail avec Emmanuel Macron. La rencontre a provoqué un concert d’indignations de la part des organisations de défense des droits de l’homme, que les arguments de realpolitik invoqués par l’Elysée en plein conflit russo-ukrainien n’ont pas réussi à couvrir.
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La démarche d’Emmanuel Macron n’a pourtant rien d’un revirement. Il y a huit mois, le président français avait été le premier chef d’Etat occidental à se rendre en Arabie saoudite. Depuis, le processus de réhabilitation diplomatique de «MBS» n’a cessé de se poursuivre, après la visite à Riyad, en mars, du premier ministre britannique, Boris Johnson, et surtout celle, il y a deux semaines, du président américain, Joe Biden.
La visite de «MBS» intervient seulement quelques jours après la venue à Paris du chef d’Etat des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, et de celle du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, deux régimes où les droits de l’homme sont régulièrement bafoués. Une fois de plus, ces rencontres interpellent, alors que l’Occident tente de convaincre du bien-fondé de son opposition à l’invasion russe en Ukraine, au nom des valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.
Indignations à deux vitesses
La dénonciation de la part d’un nombre croissant de pays de l’hypocrisie du discours occidental, basé sur des indignations à deux vitesses, suivant qu’il s’agit de nos amis ou de nos ennemis géopolitiques, n’a rien de nouveau. Le ressentiment vient de loin. Les mensonges, qui ont justifié l’invasion de l’Irak puis celle de la Libye, ont contribué à démonétiser la parole des démocraties occidentales. Le contraste est également saisissant entre l’émotion et la mobilisation internationale que suscite l’invasion russe en Ukraine et le silence assourdissant qui a accompagné, depuis 2015, la guerre que mène l’Arabie saoudite au Yémen.
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La propagande russe ne s’est d’ailleurs pas privée d’instrumentaliser ces épisodes pour jeter le doute sur les intentions occidentales en Ukraine. Ce conflit est l’occasion de mesurer à quel point le camp atlantiste peine à mobiliser contre les ambitions russes, alors que ce combat légitime devrait susciter une adhésion beaucoup plus large. Des dizaines de pays en Afrique et en Asie, sans prendre le parti de Vladimir Poutine, ont fait le choix d’un certain non-alignement, du fait même d’une perte de crédibilité de la parole de l’Occident.
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Pour regagner la confiance et persuader que les valeurs démocratiques méritent d’être défendues avec acharnement, l’Occident doit mener une réflexion sur l’image qu’il projette sur le reste de la planète. Quand le discours sur la défense des droits de l’homme n’est plus systématique, mais qu’il se décline au gré des alliances de circonstance, il est difficile de ne pas laisser penser qu’il s’agit d’un vulgaire instrument de pouvoir au service d’intérêts bien compris, en l’occurrence pétroliers. La force de nos convictions sur la Russie passe par la cohérence que nous saurons entretenir avec des régimes qui ne sont guère plus recommandables.
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